Les infections fongiques, ou mycoses, sont des affections causées par des champignons pathogènes, pouvant être superficielles, sous-cutanées ou systémiques. Avec la multiplication des patients immunodéprimés, la fréquence et la gravité des mycoses invasives ont augmenté, nécessitant une meilleure compréhension des traitements antifongiques. Ces médicaments ciblent différentes étapes du métabolisme fongique pour éliminer ou inhiber la croissance des champignons.
Classification des antifongiques selon leur mécanisme d’action
Les antifongiques se répartissent en plusieurs classes selon leur cible biochimique dans les cellules fongiques :
Inhibiteurs de la synthèse de l’ergostérol : azolés (fluconazole, itraconazole, voriconazole) et allylamines (terbinafine). L’ergostérol est un composant essentiel de la membrane plasmique fongique. Son inhibition perturbe l’intégrité membranaire, provoquant la mort cellulaire.
Polyenes : amphotéricine B, nystatine. Ces molécules se lient directement à l’ergostérol membranaire, formant des pores qui altèrent la perméabilité membranaire et entraînent la fuite des ions.
Inhibiteurs de la synthèse de la paroi fongique : échinocandines (caspofungine, micafungine) inhibent la bêta-glucane synthase, empêchant la formation d’un composant clé de la paroi, indispensable à la structure cellulaire.
Antifongiques antimitotiques : griséofulvine, qui interfère avec la polymérisation des microtubules, perturbant la mitose fongique.
Pharmacocinétique et voies d’administration
Les antifongiques peuvent être administrés par voie orale, intraveineuse, topique ou locale selon la nature et la localisation de l’infection. Par exemple, la nystatine est surtout utilisée en topique pour les candidoses orales, tandis que l’amphotéricine B est réservée aux infections systémiques graves.
L’absorption et la biodisponibilité varient selon les molécules, certains azolés nécessitant un pH gastrique acide pour une absorption optimale. Le métabolisme hépatique via le cytochrome P450 est fréquent, entraînant des interactions médicamenteuses notables.
Indications cliniques
Les antifongiques sont prescrits dans diverses mycoses : candidoses cutanées, onychomycoses, aspergilloses invasives, cryptococcoses, dermatophyties, et infections opportunistes chez les patients immunodéprimés. Le choix de l’antifongique dépend du champignon en cause, de la localisation et de la gravité.
Résistance antifongique
La résistance aux antifongiques, bien que moins fréquente que pour les antibiotiques, émerge progressivement, notamment chez Candida auris et Aspergillus fumigatus. Les mécanismes incluent des mutations des enzymes cibles, l’efflux actif et les modifications membranaires. Cette résistance complique le traitement et nécessite des stratégies combinées.
Effets secondaires et surveillance
Les antifongiques peuvent entraîner des effets indésirables variés : toxicité rénale (amphotéricine B), hépatotoxicité (azolés), troubles gastro-intestinaux, réactions allergiques. Une surveillance clinique et biologique est nécessaire, notamment pour les traitements prolongés.
Interactions médicamenteuses
Les antifongiques azolés sont souvent des inhibiteurs puissants du cytochrome P450, augmentant la concentration de nombreux médicaments comme les anticoagulants, immunosuppresseurs, et statines. Il est crucial d’évaluer les interactions pour éviter la toxicité.
Nouvelles perspectives thérapeutiques
La recherche développe des antifongiques à nouvelles cibles moléculaires, des formulations liposomales pour réduire la toxicité, et des traitements combinés pour surmonter la résistance. La pharmacogénomique et la microbiologie de précision permettent d’adapter les traitements.
Conclusion
La pharmacologie des antifongiques est un domaine en pleine expansion, crucial face à l’augmentation des mycoses sévères. Une bonne compréhension des mécanismes d’action, de la pharmacocinétique, des effets secondaires et des résistances est indispensable pour une prise en charge efficace. Les innovations thérapeutiques offrent des perspectives prometteuses pour l’avenir.