Les infiltrats inflammatoires dans les tissus représentent une réponse immunitaire locale à une agression, qu’elle soit infectieuse, traumatique, toxique ou auto-immune. L’analyse histologique de ces infiltrats permet d’identifier le type de cellules impliquées, leur distribution et leur rôle dans le processus pathologique. Cette étude est essentielle pour le diagnostic, la classification des inflammations et l’orientation thérapeutique.
Définition des infiltrats inflammatoires
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Accumulation de cellules immunitaires dans un tissu en réponse à un stimulus.
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Ces cellules peuvent être transitoires ou persistantes selon la nature et la chronicité de l’agression.
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Leur composition varie en fonction du type d’inflammation (aiguë ou chronique).
Types cellulaires des infiltrats inflammatoires
1. Neutrophiles
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Majoritaires dans l’inflammation aiguë.
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Rapidement recrutés au site de la lésion.
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Fonctions : phagocytose, libération d’enzymes lysosomales et radicaux libres.
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Histologiquement, présence de polynucléaires à noyaux multilobés.
2. Macrophages
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Présents dans l’inflammation chronique.
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Phagocytose des débris cellulaires et agents pathogènes.
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Sécrétion de cytokines et facteurs de croissance.
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Peuvent former des cellules géantes lors de granulomes.
3. Lymphocytes
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Lymphocytes T et B infiltrent les tissus lors d’inflammation chronique ou réactions immunitaires spécifiques.
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Rôle central dans la réponse adaptative.
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Histologiquement, petits noyaux ronds et cytoplasme réduit.
4. Éosinophiles
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Présents lors de réactions allergiques, parasitoses ou inflammations spécifiques.
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Cytoplasme granuleux, coloration rosée caractéristique.
5. Plasmocytes
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Dérivés des lymphocytes B.
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Production d’anticorps locale.
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Présents dans les inflammations chroniques.
Distribution et organisation des infiltrats
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Diffuse : cellules dispersées dans le tissu.
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Focalisée : accumulation localisée, souvent autour de vaisseaux sanguins (périvasculaire) ou de structures spécifiques.
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Granulomes : agrégats organisés de macrophages épithélioïdes, souvent entourés de lymphocytes.
Techniques d’identification histologique
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Coloration Hématoxyline-Éosine (H&E) : base pour visualiser la morphologie cellulaire.
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Colorations spécifiques : Giemsa, trichrome selon les cas.
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Immunohistochimie : marqueurs spécifiques pour distinguer les types cellulaires (CD3 pour lymphocytes T, CD20 pour lymphocytes B, CD68 pour macrophages).
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Microscopie électronique : étude ultrastructurale.
Signification clinique des infiltrats inflammatoires
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Indication de l’étiologie : aiguë (infections bactériennes, traumatismes) vs chronique (auto-immunité, infections persistantes).
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Évaluation de l’intensité et de la chronicité.
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Orientation du traitement (antibiotiques, immunosuppresseurs).
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Suivi de l’évolution et des complications (fibrose, cicatrisation).
Exemples pathologiques
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Pneumonie aiguë : infiltrat neutrophilique alvéolaire.
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Tuberculose : granulomes tuberculeux avec macrophages épithélioïdes et cellules géantes de Langhans.
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Hépatite chronique : infiltrats lymphocytaires portaux.
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Maladies auto-immunes : infiltrats lymphoplasmocytaires dans les glandes salivaires (Sjögren).
Conclusion
L’analyse des infiltrats inflammatoires dans les tissus par l’histologie offre une compréhension précise de la réponse immunitaire locale. La reconnaissance des types cellulaires et de leur organisation permet d’orienter le diagnostic, la prise en charge et la surveillance des maladies inflammatoires.