Maladies parasitaires zoonotiques transmises par les eaux

 Les maladies parasitaires zoonotiques transmises par les eaux représentent un défi majeur de santé publique, particulièrement dans les régions où l’accès à une eau potable et salubre est limité. Ces infections résultent de la contamination de l’eau par des parasites capables d’infecter à la fois les animaux et l’être humain. La consommation ou le contact avec ces eaux contaminées peut entraîner des maladies graves, souvent sous-estimées, qui affectent la santé de millions de personnes à travers le monde.

1. Définition et importance des maladies parasitaires hydriques zoonotiques

Une maladie parasitaire hydrique zoonotique est une infection causée par un parasite transmis via l’eau contaminée, qui peut circuler entre les animaux et les humains. Ces maladies sont souvent endémiques dans les zones rurales, les bidonvilles urbains et les régions tropicales où l’assainissement est insuffisant. Elles affectent aussi bien la santé humaine que la productivité animale, impactant ainsi l’économie locale.

2. Principaux parasites transmis par l’eau

a. Cryptosporidium spp.

– Protozoaire responsable de la cryptosporidiose
– Transmission par ingestion d’eau contaminée par des oocystes résistants
– Réservoirs : bovins, ovins, chiens, chats, faune sauvage
– Symptômes : diarrhée aqueuse sévère, déshydratation, particulièrement chez les enfants et immunodéprimés

b. Giardia duodenalis (ou Giardia lamblia)

– Protozoaire provoquant la giardiose
– Transmission par eau ou aliments contaminés par des kystes
– Réservoirs : humains, chiens, castors, rongeurs
– Symptômes : diarrhée chronique, douleurs abdominales, malabsorption

c. Entamoeba histolytica

– Protozoaire à l’origine de l’amibiase
– Transmission via l’eau contaminée par des kystes fécaux
– Réservoir principal : humains, mais aussi certains animaux
– Symptômes : diarrhée sanglante, dysenterie, abcès hépatique

d. Schistosoma spp.

– Vers plats responsables de la schistosomiase
– Cycle de vie impliquant des mollusques aquatiques comme hôtes intermédiaires
– Transmission par contact cutané avec eau douce contaminée
– Réservoirs : bovins, ovins, caprins, faune sauvage et humains
– Symptômes : dermatite, troubles urinaires ou intestinaux, complications chroniques

e. Fasciola hepatica

– Douve du foie transmissible par ingestion de végétaux aquatiques contaminés
– Réservoirs : moutons, bovins, humains occasionnels
– Symptômes : douleur hépatique, troubles digestifs, hépatite parasitaire

3. Modes de contamination de l’eau

– Déjections animales ou humaines contaminées rejetées dans les sources d’eau
– Mauvais traitement des eaux usées et absence d’assainissement
– Ruissellements agricoles transportant des œufs, kystes ou larves dans les cours d’eau
– Utilisation d’eaux de surface non protégées pour la consommation ou l’irrigation

4. Facteurs de risque

– Zones rurales avec accès limité à l’eau potable
– Pratiques d’hygiène insuffisantes (absence de latrines, défécation en plein air)
– Élevage intensif à proximité des sources d’eau
– Conditions climatiques favorisant la survie des parasites (chaleur, humidité)
– Population immunodéprimée (enfants, personnes VIH positives)

5. Impact sanitaire et économique

Les maladies parasitaires hydriques provoquent des morbidités importantes, notamment diarrhées sévères et malnutrition. Chez les enfants, elles peuvent entraîner un retard de croissance et des troubles cognitifs. Chez les animaux, elles réduisent la productivité (lait, viande), augmentent les coûts vétérinaires et contribuent à la pauvreté.

6. Stratégies de prévention

a. Assainissement et accès à l’eau potable

– Construction de latrines adaptées pour éviter la contamination des eaux
– Traitement des eaux domestiques par filtration, chloration ou ébullition
– Protection des sources d’eau contre les déjections animales et humaines

b. Hygiène individuelle

– Lavage régulier des mains avant repas et après contact avec les animaux ou l’eau
– Éviter la baignade dans les eaux stagnantes ou suspectes
– Consommation d’eau embouteillée ou purifiée dans les zones à risque

c. Gestion sanitaire animale

– Contrôle parasitaire régulier du bétail et des animaux domestiques
– Éloignement des animaux des points d’eau potable
– Gestion des déjections animales et des effluents d’élevage

d. Éducation et sensibilisation

– Informer les populations rurales sur les risques liés à l’eau contaminée
– Encourager les bonnes pratiques sanitaires et alimentaires
– Formation des personnels de santé et vétérinaires à la détection précoce

7. Surveillance et interventions sanitaires

– Mise en place de systèmes de surveillance des maladies hydriques
– Intervention rapide en cas d’épidémies (distribution d’eau potable, traitements)
– Collaboration multisectorielle entre santé humaine, animale et environnementale (One Health)

Conclusion

Les maladies parasitaires zoonotiques transmises par les eaux constituent une problématique sanitaire majeure, particulièrement dans les pays en développement. La maîtrise de ces infections passe par une gestion rigoureuse de l’eau et de l’environnement, associée à des actions coordonnées en santé humaine et animale. La prévention repose sur des mesures simples mais efficaces : amélioration de l’accès à l’eau potable, assainissement, contrôle des animaux, et éducation des populations. Face à l’évolution des conditions climatiques et à la croissance démographique, renforcer ces stratégies est essentiel pour limiter l’impact de ces parasitoses sur la santé mondiale.

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