Infections à Strongyloides stercoralis : particularités cliniques

 Strongyloides stercoralis est un nématode parasite responsable d’une infection intestinale appelée strongyloïdose. Cette parasitose est particulièrement insidieuse du fait de son cycle de vie unique avec autoinfection, pouvant entraîner des infections chroniques parfois asymptomatiques, mais aussi des formes sévères chez les immunodéprimés. Cet article détaille les particularités cliniques des infections à Strongyloides stercoralis, leur diagnostic, manifestations et traitements.

1. Épidémiologie et transmission

  • Endémique dans les régions tropicales et subtropicales.

  • Transmission par pénétration active des larves filariformes à travers la peau, généralement par contact avec un sol contaminé.

  • Capacité d’autoinfection unique permettant persistance pendant des décennies.

2. Cycle biologique particulier

  • Larves rhabditiformes excrétées dans les selles, peuvent devenir filariformes dans l’intestin ou le sol.

  • Pénétration cutanée par les larves filariformes.

  • Migration via le sang vers les poumons puis l’œsophage, jusqu’à l’intestin grêle où le parasite adulte s’installe.

  • Autoinfection possible par pénétration directe des larves dans la muqueuse intestinale ou la peau péri-anale.

3. Particularités cliniques

3.1 Formes asymptomatiques ou pauci-symptomatiques

  • Présence prolongée sans symptômes majeurs.

  • Symptômes digestifs légers : diarrhée intermittente, douleurs abdominales, ballonnements.

3.2 Manifestations cutanées

  • Dermite larvaire (larva currens) : éruption prurigineuse migrante, rapide, souvent péri-anale ou sur les membres.

3.3 Formes gastro-intestinales sévères

  • Diarrhée chronique, malabsorption, douleurs abdominales intenses.

  • Perte de poids, anorexie.

3.4 Hyperinfection et dissémination

  • Survient chez les patients immunodéprimés (corticothérapie, VIH, transplantés).

  • Multiplication massive des larves dans l’intestin et autres organes.

  • Symptômes graves : septicémies, pneumopathies, méningites.

  • Très haute mortalité si non traitée rapidement.

4. Diagnostic

  • Recherche des larves dans les selles par techniques de concentration (Baermann, culture).

  • Sérologie pour détecter les anticorps spécifiques.

  • PCR pour confirmation dans certains laboratoires.

  • Endoscopie en cas de suspicion d’atteinte gastro-intestinale sévère.

5. Traitement

  • Ivermectine : traitement de choix, dose unique ou en cures répétées.

  • Albendazole : alternative, moins efficace.

  • Surveillance post-traitement pour détecter persistance ou réinfection.

6. Prévention

  • Éducation sur les mesures d’hygiène et port de chaussures.

  • Contrôle des populations à risque, dépistage systématique des immunodéprimés.

  • Amélioration des conditions sanitaires.

Conclusion

Les infections à Strongyloides stercoralis se caractérisent par une grande diversité clinique, allant de l’infection silencieuse aux formes potentiellement fatales en cas d’immunodépression. Une vigilance clinique, un diagnostic précis et un traitement adapté sont essentiels pour limiter la morbidité et la mortalité associées à cette parasitose. La prévention repose sur l’éducation sanitaire et la surveillance des populations à risque.

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