L’Afrique est un continent riche en biodiversité mais aussi fortement exposé aux zoonoses parasitaires. Ces maladies causées par des parasites transmissibles de l’animal à l’homme sont particulièrement répandues dans les zones tropicales et rurales, où la cohabitation étroite entre l’homme, les animaux domestiques et sauvages, ainsi que les vecteurs, favorise leur circulation. De nombreuses espèces parasitaires sévissent dans les différentes régions d’Afrique, affectant la santé publique, la productivité animale et la sécurité alimentaire. Cet article présente les principaux parasites zoonotiques en Afrique, leurs modes de transmission, leurs effets sur la santé, et les stratégies de prévention à adopter.
1. Définition des parasites zoonotiques
Un parasite zoonotique est un organisme vivant qui utilise à la fois l’homme et les animaux comme hôtes, provoquant des maladies appelées zoonoses parasitaires. Ces parasites peuvent être des protozoaires, des helminthes (vers) ou des arthropodes, et sont transmis par ingestion, contact direct, piqûres de vecteurs ou exposition à des milieux contaminés.
2. Enjeux spécifiques en Afrique
Les conditions climatiques chaudes et humides, la pauvreté, le manque d’accès à l’eau potable, les pratiques d’élevage traditionnelles, et la proximité constante avec les animaux font de l’Afrique une région à haut risque de transmission parasitaire. Le manque d’infrastructures vétérinaires et médicales contribue aussi à la persistance et à la sous-estimation de ces maladies.
3. Principaux parasites zoonotiques en Afrique
a. Toxoplasma gondii
– Présent partout sur le continent.
– Transmis par ingestion d’oocystes excrétés par les chats ou par consommation de viande mal cuite.
– Responsable de la toxoplasmose, grave chez la femme enceinte et les immunodéprimés.
b. Trypanosoma brucei (trypanosomiase humaine africaine)
– Transmis par la piqûre de la mouche tsé-tsé.
– Réservoirs : bétail, animaux sauvages.
– Provoque la maladie du sommeil avec atteintes neurologiques fatales si non traitée.
– Endémique en Afrique subsaharienne, surtout en zone forestière humide.
c. Leishmania major et tropica
– Présents surtout en Afrique du Nord, au Soudan et dans la corne de l’Afrique.
– Transmis par les phlébotomes.
– Réservoirs : chiens, rongeurs.
– Provoque des formes cutanées (plaies chroniques) ou viscérales (fièvre de kala-azar).
d. Echinococcus granulosus
– Provoque l’échinococcose hydatique.
– Chien : hôte définitif.
– L’homme et les herbivores : hôtes intermédiaires.
– Présente dans les zones pastorales (Maghreb, Sahel, Afrique de l’Est).
– Infection grave avec formation de kystes dans le foie, les poumons, parfois le cerveau.
e. Toxocara canis et cati
– Présents chez les chiens et chats errants ou non vermifugés.
– Transmis par les œufs dans les sols contaminés.
– Provoque la toxocarose, avec atteintes viscérales et oculaires.
f. Schistosoma spp.
– Parasite des eaux douces africaines.
– Transmis par pénétration de larves à travers la peau lors du bain ou lavage dans des eaux contaminées.
– L’homme et les animaux domestiques peuvent être infectés.
– Provoque la bilharziose, maladie chronique avec atteinte du foie, intestins, vessie.
g. Trichinella spiralis
– Moins fréquente mais présente dans certaines régions rurales d’Afrique centrale.
– Transmise par consommation de viande de porc ou de gibier mal cuite.
– Provoque des douleurs musculaires, fièvre, œdèmes, complications cardiaques.
h. Cryptosporidium spp. et Giardia duodenalis
– Transmis par l’eau et les aliments souillés.
– Très fréquents dans les zones urbaines défavorisées et les zones d’élevage.
– Provoquent des diarrhées aiguës ou chroniques, surtout chez les enfants.
i. Sarcoptes scabiei
– Parasite cutané responsable de la gale.
– Se transmet entre chiens et humains par contact direct.
– Très présent dans les milieux précaires et refuges.
j. Tiques (Rhipicephalus, Amblyomma...)
– Vecteurs de parasites sanguins comme Babesia, Ehrlichia, Theileria.
– Peuvent mordre les humains.
– Favorisent les co-infections zoonotiques dans les zones rurales et pastorales.
4. Conséquences sanitaires et socio-économiques
– Morbidité importante, en particulier chez les enfants et les personnes vulnérables
– Retard de croissance, anémie, troubles cognitifs liés aux parasitoses chroniques
– Perte de productivité dans les élevages (bovins, ovins, caprins, volailles)
– Dépenses sanitaires importantes pour les ménages
– Impact sur la scolarisation des enfants et la sécurité alimentaire
– Risques de propagation à l’international en cas de voyages ou de commerce d’animaux infectés
5. Stratégies de prévention adaptées à l’Afrique
a. Contrôle chez les animaux
– Vermifugation systématique des animaux de compagnie et d’élevage
– Contrôle des vecteurs : lutte contre les tiques, mouches, phlébotomes
– Amélioration des pratiques d’élevage : hygiène, isolement des malades
– Suivi vétérinaire, même en milieu rural
b. Mesures chez l’homme
– Accès à l’eau potable et assainissement
– Cuisson complète des viandes, lavage des légumes
– Sensibilisation sur les risques parasitaires zoonotiques
– Utilisation de moustiquaires, répulsifs, protection lors des baignades
c. Approche One Health
– Coordination entre les services vétérinaires, médicaux et environnementaux
– Surveillance épidémiologique conjointe homme-animal
– Campagnes de sensibilisation dans les zones rurales et périurbaines
– Appui à la recherche locale sur les parasites zoonotiques africains
Conclusion
Les parasites zoonotiques en Afrique représentent une menace réelle mais souvent négligée pour la santé humaine et animale. Leur prévention nécessite une approche globale, intégrée, fondée sur la sensibilisation, l’accès aux soins vétérinaires et médicaux, l’hygiène et une gouvernance sanitaire coordonnée. Réduire la transmission de ces parasites, c’est améliorer le bien-être des populations humaines et animales, et contribuer à un développement rural durable.