La larva migrans cutanée (LMC), également appelée "larva migrans serpigineuse," est une parasitose cutanée causée par la pénétration et la migration des larves de nématodes dans la peau humaine. Principalement observée dans les zones tropicales et subtropicales, cette infection est liée à une exposition à des sols contaminés par des excréments d’animaux infectés, principalement chiens et chats. Bien que généralement bénigne, la LMC provoque un prurit intense et des lésions cutanées caractéristiques, affectant significativement la qualité de vie. La reconnaissance rapide des signes cliniques et la mise en place d’un traitement adapté sont essentielles pour une guérison rapide et pour limiter les complications.
1. Étiologie et cycle biologique
1.1 Agents parasitaires responsables
Les principaux agents responsables de la larva migrans cutanée sont des nématodes hookworms animaux, notamment :
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Ancylostoma braziliense (principalement dans les Amériques et les Caraïbes).
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Ancylostoma caninum (chiens).
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Uncinaria stenocephala.
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Ancylostoma ceylanicum.
Chez l’humain, ces larves ne peuvent pas compléter leur cycle de vie, ce qui explique qu’elles restent dans les couches superficielles de la peau.
1.2 Cycle de vie
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Les animaux hôtes éliminent des œufs dans leurs selles.
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Ces œufs éclosent en larves filaires dans le sol humide.
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Les larves infectieuses pénètrent la peau humaine lors d’un contact direct avec un sol contaminé.
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Contrairement à leur hôte naturel, elles ne migrent pas vers le système digestif mais se déplacent dans la peau, provoquant des sillons sinueux.
2. Manifestations cliniques
2.1 Aspect des lésions
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Lésions linéaires, sinueuses et rouges, typiquement en forme de "serpents" ou sillons.
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Localisation fréquente : pieds, jambes, fesses, mains.
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Évolution progressive avec déplacement des lésions de plusieurs millimètres à quelques centimètres par jour.
2.2 Symptômes associés
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Prurit intense, majoré la nuit, source d’agitation et d’insomnie.
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Sensation de brûlure ou de douleur légère possible.
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Apparition parfois de papules, vésicules ou excoriations dues au grattage.
2.3 Durée et évolution naturelle
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L’infection peut durer de quelques semaines à plusieurs mois si non traitée.
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La larve finit généralement par mourir spontanément, mais le prurit peut persister.
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Risque de surinfection bactérienne secondaire.
3. Diagnostic
3.1 Diagnostic clinique
Le diagnostic repose essentiellement sur l’examen clinique :
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Présence de sillons caractéristiques migratoires.
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Antécédents d’exposition à des zones à risque (plages, sols contaminés).
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Symptômes prurigineux intenses.
3.2 Examens complémentaires
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Biopsie cutanée rarement utile car la larve est difficile à localiser.
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Analyses parasitologiques des selles en général négatives car l’humain n’est pas l’hôte définitif.
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Tests sérologiques non spécifiques.
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Techniques d’imagerie et PCR utilisées dans certains centres spécialisés mais peu accessibles.
4. Diagnostic différentiel
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Dermatite de contact.
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Eczéma ou urticaire.
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Dermatoses infectieuses bactériennes ou fongiques.
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Autres parasitoses cutanées (gale, leishmaniose).
5. Traitements
5.1 Traitement antiparasitaire systémique
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Ivermectine orale : traitement de première intention, dose unique (200 µg/kg) souvent efficace.
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Albendazole : alternative, à administrer sur 3 à 5 jours, parfois associée à des corticoïdes en cas de réaction inflammatoire sévère.
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Thiabendazole : utilisé plus rarement à cause de ses effets secondaires, souvent en traitement topique.
5.2 Traitements locaux
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Crèmes à base de thiabendazole topique peuvent être utilisées en cas de lésions limitées.
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Corticoïdes topiques pour atténuer l’inflammation et le prurit.
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Soins des lésions excoriées pour prévenir la surinfection.
5.3 Traitement symptomatique
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Antihistaminiques oraux pour soulager le prurit et améliorer la qualité du sommeil.
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Analgésiques si douleur associée.
6. Prévention
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Éviter la marche pieds nus ou le contact cutané direct avec des sols potentiellement contaminés.
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Hygiène stricte des animaux domestiques : vermifugation régulière.
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Amélioration des conditions sanitaires dans les zones à risque.
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Sensibilisation des populations exposées, notamment dans les zones touristiques.
7. Complications et formes particulières
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Surinfections bactériennes pouvant entraîner cellulite ou abcès.
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Réactions allergiques intenses nécessitant un traitement anti-inflammatoire.
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Formes rares de migration profonde associées à d’autres nématodes.
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Parfois, larva migrans cutanée peut coexister avec d’autres parasitoses.
8. Perspectives et recherches actuelles
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Développement de traitements plus ciblés avec moins d’effets secondaires.
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Recherches sur les résistances parasitaires aux antiparasitaires classiques.
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Études épidémiologiques pour mieux comprendre la distribution et l’incidence.
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Sensibilisation accrue pour la prévention, surtout dans le contexte du tourisme international.
Conclusion
La larva migrans cutanée est une parasitose cutanée fréquente dans les zones tropicales et subtropicales, caractérisée par un prurit intense et des lésions migrantes typiques. Le diagnostic repose principalement sur l’examen clinique. Le traitement antiparasitaire efficace, associé à des mesures préventives, permet une guérison rapide et réduit les risques de complications. La sensibilisation des populations à risque et l’amélioration des conditions sanitaires sont indispensables pour limiter la propagation de cette affection.