La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neuroinflammatoire chronique caractérisée par la démyélinisation, la neurodégénérescence et la perturbation des circuits neuronaux. L’altération de la barrière hémato-encéphalique (BHE) constitue un événement clé dans le déclenchement et la progression de la SEP. Comprendre ces mécanismes permet de mieux appréhender la physiopathologie de la maladie et de développer des stratégies thérapeutiques ciblées.
Structure de la barrière hémato-encéphalique et vulnérabilité
La BHE est composée d’endothélium cérébral, de jonctions serrées, de péricytes et d’astrocytes, formant une interface protectrice entre le sang et le système nerveux central. Dans la SEP :
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Les jonctions serrées sont compromises, augmentant la perméabilité vasculaire.
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Les pieds astrocytaires et péricytes sont dysfonctionnels, réduisant la régulation du flux sanguin et l’intégrité barrière.
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Les altérations permettent le passage de lymphocytes T et B, monocytes et cytokines pro-inflammatoires vers le tissu cérébral.
Mécanismes de dysfonctionnement
Activation immunitaire et inflammation
Dans la SEP, une activation chronique du système immunitaire entraîne :
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La libération de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-1β, IL-6) par les glies et les lymphocytes infiltrés.
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L’augmentation de la production de radicaux libres et enzymes protéolytiques, endommageant l’endothélium.
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Une rétroaction positive où l’inflammation elle-même aggrave la perméabilité de la BHE.
Stress oxydatif et dysfonction endothéliale
Les cellules endothéliales exposées à un stress oxydatif présentent :
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Une perte de claudines et d’occludines, affaiblissant les jonctions serrées.
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Une altération du transport sélectif des nutriments et du glucose, compromettant le métabolisme neuronal.
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Une susceptibilité accrue à l’infiltration des cellules immunitaires et aux dépôts de protéines inflammatoires.
Signalisation glie-endothélium altérée
Les astrocytes et péricytes modulant normalement la BHE deviennent dysfonctionnels :
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Les astrocytes adoptent un phénotype réactif pro-inflammatoire, amplifiant la neuroinflammation.
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Les péricytes ne parviennent plus à maintenir la stabilité des capillaires et la perméabilité vasculaire, favorisant la progression des lésions démyélinisantes.
Conséquences sur la neurodégénérescence et la démyélinisation
L’altération de la BHE dans la SEP entraîne :
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L’infiltration de lymphocytes T auto-réactifs qui attaquent la myéline et les oligodendrocytes.
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La dégradation de la myéline et la formation de plaques démyélinisantes dans le cerveau et la moelle épinière.
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La perturbation de la plasticité synaptique et des circuits neuronaux, contribuant aux déficits moteurs et cognitifs.
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La perte neuronale progressive, aggravée par l’inflammation chronique et le stress métabolique.
Modulation thérapeutique de la BHE
La restauration ou le renforcement de la BHE constitue une stratégie thérapeutique prometteuse :
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Inhibiteurs de cytokines pro-inflammatoires pour réduire l’activation microgliale et lymphocytaire.
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Agents neuroprotecteurs et antioxydants pour préserver l’intégrité endothéliale.
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Modulateurs de jonctions serrées et facteurs trophiques astrocytaires pour restaurer la perméabilité sélective et le soutien neuronal.
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Thérapies combinées visant à réduire l’inflammation tout en favorisant la remyélinisation et la plasticité synaptique.
Conclusion
L’altération de la barrière hémato-encéphalique est un élément central dans la physiopathologie de la sclérose en plaques, facilitant l’infiltration immune, la neuroinflammation et la démyélinisation. Une compréhension approfondie de ces mécanismes permet de concevoir des approches thérapeutiques ciblées, visant à protéger l’intégrité de la BHE, à réduire la neuroinflammation et à favoriser la récupération fonctionnelle des neurones et des oligodendrocytes.