Avec l’avancée en âge, le système endocrinien subit de nombreuses modifications physiologiques. Ces altérations peuvent entraîner des troubles hormonaux parfois confondus avec le vieillissement normal, mais qui ont des conséquences notables sur la santé, la qualité de vie et l’autonomie des personnes âgées. Une évaluation endocrinienne adaptée est donc essentielle pour assurer une prise en charge efficace.
Vieillissement et système endocrinien : une évolution progressive
Le vieillissement affecte plusieurs axes hormonaux. La production de certaines hormones diminue, alors que la sensibilité des tissus cibles peut également être altérée. Ces changements modulent l’homéostasie énergétique, la densité osseuse, la cognition, l’humeur, le sommeil, la force musculaire et la sexualité.
Hypothyroïdie liée à l’âge : un diagnostic souvent tardif
L’hypothyroïdie est fréquente chez les personnes âgées, en particulier chez les femmes. Elle est souvent méconnue, car ses manifestations (fatigue, constipation, ralentissement cognitif) peuvent être attribuées à l’âge. Le diagnostic repose sur le dosage de la TSH et de la T4 libre. Le traitement nécessite une prudence particulière pour éviter les effets secondaires cardiovasculaires.
Andropause et ménopause : modifications hormonales sexuelles
Chez l’homme, le vieillissement entraîne une baisse progressive de la testostérone, appelée andropause. Cela peut provoquer une baisse de la libido, une perte de masse musculaire et une fatigue chronique. Chez la femme, la ménopause entraîne une chute brutale des œstrogènes et de la progestérone, avec des répercussions sur le métabolisme osseux, le sommeil et la stabilité émotionnelle.
Diabète de type 2 : une pathologie endocrinienne majeure du vieillissement
Le diabète de type 2 est très fréquent chez les personnes âgées, en raison de la résistance à l’insuline et de la baisse de la sécrétion pancréatique. Il est parfois découvert à un stade avancé, lorsqu’il entraîne des complications comme des troubles visuels, neurologiques ou rénaux. Le traitement nécessite un ajustement personnalisé pour éviter les hypoglycémies, en tenant compte de la fragilité et des comorbidités.
Hyperparathyroïdie et ostéoporose
L’hyperparathyroïdie, souvent primaire ou secondaire à une carence en vitamine D, peut entraîner une déminéralisation osseuse et favoriser les fractures. L’ostéoporose, fortement liée au vieillissement et aux troubles hormonaux, représente un problème majeur de santé publique chez les personnes âgées, en particulier les femmes ménopausées.
Troubles de l’axe surrénalien
Avec l’âge, la réponse au stress via l’axe corticotrope peut être altérée. Une insuffisance surrénalienne relative peut aggraver la fragilité, la fatigue chronique et la vulnérabilité aux infections. Un excès chronique de cortisol, comme dans le syndrome de Cushing iatrogène (lié à une corticothérapie prolongée), peut aussi induire une fonte musculaire et une ostéoporose.
Dérèglements de l’hormone de croissance et de l’IGF-1
La production d’hormone de croissance (GH) et du facteur de croissance IGF-1 diminue avec l’âge. Cette baisse est associée à une réduction de la masse musculaire, à une augmentation de la masse grasse et à une baisse de la vitalité. Bien que la supplémentation en GH soit controversée, ces modifications participent aux changements corporels du vieillissement.
Prise en charge adaptée et individualisée
Chez les sujets âgés, la prise en charge des troubles hormonaux nécessite une approche douce et progressive. Les traitements doivent être adaptés à la tolérance, aux comorbidités et à l’espérance de vie. Le suivi médical doit être régulier, avec une attention particulière aux signes atypiques.
La collaboration entre gériatres, endocrinologues et médecins généralistes est essentielle pour optimiser les soins. L’éducation thérapeutique, la prévention des chutes, la surveillance osseuse et l’équilibre glycémique font partie intégrante de cette stratégie globale.
Conclusion
Les troubles hormonaux chez les personnes âgées sont fréquents, multiformes et souvent sous-diagnostiqués. Ils peuvent aggraver la dépendance, la fragilité et les risques de complications. Une vigilance clinique et une évaluation hormonale ciblée permettent d’améliorer considérablement la qualité de vie des seniors.