Le syndrome de Cushing est une pathologie endocrinienne rare mais grave, provoquée par une exposition prolongée à un excès de cortisol, l’hormone du stress produite par les glandes surrénales. Ce trouble peut avoir des conséquences systémiques importantes, affectant le métabolisme, le système cardiovasculaire, le système immunitaire et même le système nerveux central. Comprendre les causes, les manifestations cliniques et les modalités thérapeutiques de ce syndrome est essentiel pour un diagnostic précoce et une prise en charge efficace.
Qu’est-ce que le cortisol et pourquoi son excès est-il dangereux ?
Le cortisol est une hormone glucocorticoïde sécrétée par le cortex surrénalien, sous le contrôle de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Il joue un rôle essentiel dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques, notamment le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines, la réponse au stress, la régulation de la pression artérielle, ainsi que le fonctionnement du système immunitaire. Cependant, lorsque les niveaux de cortisol restent élevés de manière chronique, des déséquilibres pathologiques apparaissent, conduisant au syndrome de Cushing.
Causes du syndrome de Cushing
On distingue deux grandes catégories de causes : endogènes (excès de cortisol produit par le corps) et exogènes (apport extérieur de corticostéroïdes).
Causes endogènes
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Maladie de Cushing (adénome hypophysaire) : Représente environ 70 % des cas. Un petit adénome bénin de l’hypophyse sécrète en excès l’ACTH (hormone corticotrope), stimulant la production de cortisol par les glandes surrénales.
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Tumeurs surrénaliennes : Adénomes ou carcinomes corticosurrénaliens produisent directement du cortisol de façon autonome.
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Sécrétion ectopique d’ACTH : Certaines tumeurs non hypophysaires (ex : cancer du poumon à petites cellules) produisent de l’ACTH, provoquant une stimulation excessive des surrénales.
Causes exogènes
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Administration prolongée de corticostéroïdes : Utilisés pour traiter diverses maladies inflammatoires et auto-immunes, ils peuvent entraîner un syndrome de Cushing iatrogène, souvent réversible à l’arrêt du traitement.
Symptômes du syndrome de Cushing
Le tableau clinique est variable, avec une évolution souvent insidieuse. Les manifestations caractéristiques sont :
Signes morphologiques
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Obésité facio-tronculaire : accumulation de graisse au visage (face lunaire), au cou (bosse de bison), et au tronc.
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Peau fine et fragile avec ecchymoses faciles.
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Vergetures larges et pourpres, surtout sur l’abdomen, les cuisses, et les seins.
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Amyotrophie des membres (muscles fins).
Signes métaboliques et endocriniens
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Hyperglycémie pouvant évoluer en diabète de type 2.
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Hypertension artérielle persistante.
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Dyslipidémie (cholestérol et triglycérides élevés).
Troubles musculo-squelettiques
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Ostéoporose avec risque accru de fractures.
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Faiblesse musculaire surtout au niveau des cuisses et des bras.
Troubles psychiques
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Anxiété, irritabilité, dépression, voire troubles cognitifs.
Symptômes spécifiques selon le sexe
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Femmes : aménorrhée, acné, hirsutisme.
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Hommes : baisse de la libido, troubles de l’érection.
Diagnostic du syndrome de Cushing
Le diagnostic s’appuie sur des examens biologiques et d’imagerie visant à confirmer l’hypercortisolisme et à en identifier la cause.
Confirmation de l’hypercortisolisme
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Dosage du cortisol libre urinaire sur 24h.
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Test de suppression à la dexaméthasone faible dose (absence de freinage du cortisol).
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Dosage du cortisol plasmatique en fin de nuit.
Recherche de la cause
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Dosage plasmatique de l’ACTH : élevé dans la maladie de Cushing et le syndrome paranéoplasique, bas dans les tumeurs surrénaliennes.
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Tests de stimulation et localisation (IRM hypophysaire, scanner surrénalien).
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Imagerie pour détecter des tumeurs ectopiques.
Traitement du syndrome de Cushing
Le traitement dépend de la cause identifiée.
Traitement chirurgical
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Adénome hypophysaire : chirurgie transsphénoïdale pour enlever la tumeur.
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Tumeurs surrénaliennes : surrénalectomie unilatérale ou bilatérale selon la localisation.
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Tumeurs ectopiques : traitement de la tumeur primitive.
Traitement médical
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Médicaments inhibant la synthèse du cortisol (kétoconazole, mitotane, métyrapone) en cas d’échec chirurgical ou en attente d’intervention.
Radiothérapie
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En cas d’adénome hypophysaire résistant à la chirurgie ou récidivant.
Complications et suivi
Le syndrome de Cushing expose à de nombreuses complications : diabète, hypertension, infections, troubles psychiatriques, ostéoporose, risque cardiovasculaire accru. Le suivi doit être multidisciplinaire, avec surveillance clinique, biologique et radiologique régulière.
Conclusion
Le syndrome de Cushing est une maladie complexe résultant d’un excès chronique de cortisol. Sa reconnaissance précoce, grâce à une bonne connaissance des symptômes et des outils diagnostiques, est essentielle pour prévenir les complications graves. Le traitement adapté à la cause, qu’il soit chirurgical, médical ou combiné, permet d’améliorer significativement le pronostic et la qualité de vie des patients.