Les cancers endocriniens regroupent un ensemble de tumeurs touchant les glandes hormonales, notamment la thyroïde, les surrénales et l’hypophyse. Bien que rares pour certains, ces cancers posent des défis cliniques spécifiques, liés à la sécrétion hormonale anormale et à leur localisation dans des structures complexes. Une détection précoce et une approche multidisciplinaire sont essentielles pour améliorer le pronostic.
Cancer de la thyroïde : le plus fréquent des cancers endocriniens
Le cancer de la thyroïde est le plus courant des cancers endocriniens. Il touche majoritairement les femmes, souvent entre 30 et 50 ans.
Types de cancers thyroïdiens
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Carcinome papillaire : forme la plus fréquente, à évolution généralement lente
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Carcinome folliculaire : forme un peu plus agressive, avec risque de métastases osseuses ou pulmonaires
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Carcinome médullaire : issu des cellules C sécrétrices de calcitonine, parfois familial (néoplasie endocrinienne multiple de type 2)
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Carcinome anaplasique : très rare et agressif, avec pronostic réservé
Diagnostic
Le diagnostic repose sur l’échographie cervicale, la cytoponction (FNA) d’un nodule suspect et les dosages hormonaux (TSH, calcitonine, thyroglobuline). Le scanner ou l’IRM sont utilisés pour évaluer les extensions.
Traitement
Le traitement de base est la thyroïdectomie, souvent suivie d’un traitement à l’iode radioactif. Une hormonothérapie substitutive à base de lévothyroxine est prescrite à vie. Le pronostic est généralement bon, sauf dans les formes anaplasiques.
Cancers des glandes surrénales : tumeurs rares et souvent fonctionnelles
Les glandes surrénales peuvent développer des tumeurs malignes, comme le carcinome corticosurrénalien, ainsi que des tumeurs bénignes mais sécrétantes, comme le phéochromocytome.
Carcinome corticosurrénalien
Cette tumeur rare et agressive touche souvent les femmes jeunes. Elle peut entraîner une hypersécrétion d’hormones surrénaliennes (cortisol, androgènes), provoquant des syndromes cliniques comme un syndrome de Cushing ou une virilisation.
Le diagnostic repose sur les dosages hormonaux, l’imagerie (scanner abdominal, IRM), et parfois un PET scan. Le traitement repose sur une chirurgie radicale, parfois associée à une chimiothérapie (mitotane) et une radiothérapie.
Phéochromocytome
Tumeur des cellules chromaffines médullaires sécrétant des catécholamines (adrénaline, noradrénaline). Elle se manifeste par des accès d’hypertension, palpitations, sueurs, céphalées.
Le traitement est chirurgical, précédé d’une préparation médicale avec des alpha-bloquants pour éviter une crise hypertensive peropératoire. Dans 10 % des cas, il est malin et peut métastaser.
Adénomes et carcinomes de l’hypophyse
Les tumeurs de l’hypophyse sont souvent bénignes (adénomes), mais peuvent provoquer des troubles endocriniens majeurs. Les carcinomes hypophysaires sont extrêmement rares et définis par la présence de métastases.
Adénomes hypophysaires
Ils peuvent être non fonctionnels ou sécréter des hormones en excès : prolactine (prolactinome), hormone de croissance (acromégalie), ACTH (maladie de Cushing).
Le diagnostic repose sur les dosages hormonaux, l’IRM hypophysaire et les examens ophtalmologiques. Le traitement est médicamenteux (agonistes dopaminergiques pour les prolactinomes), chirurgical (voie transsphénoïdale) ou radiothérapeutique selon les cas.
Carcinome hypophysaire
Rare, il peut entraîner des métastases cérébrales ou extra-crâniennes. Le traitement repose sur une combinaison de chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie, avec un pronostic très réservé.
Approche multidisciplinaire et suivi
Le traitement des cancers endocriniens repose sur une collaboration entre endocrinologues, chirurgiens, oncologues et radiothérapeutes. Le suivi post-thérapeutique est crucial pour surveiller les récidives hormonales ou morphologiques.
Les dosages hormonaux, l’imagerie de surveillance (scanner, échographie, scintigraphie) et parfois les marqueurs tumoraux permettent de détecter précocement toute récidive.
Conclusion
Les cancers endocriniens, bien que souvent rares, nécessitent une attention particulière en raison de leurs spécificités hormonales. Un diagnostic précoce, une prise en charge individualisée et un suivi rigoureux permettent d’optimiser les chances de guérison et de maintenir une qualité de vie satisfaisante.