Pathologies histologiques de la prostate

 La prostate est une glande exocrine essentielle de l’appareil génital masculin, jouant un rôle clé dans la production du liquide séminal. Son étude histologique est fondamentale pour le diagnostic de nombreuses pathologies, allant de l’inflammation bénigne aux cancers agressifs. La compréhension des altérations microscopiques de la prostate permet une prise en charge médicale adaptée et un suivi précis des patients.

1. Structure histologique normale de la prostate

  • La prostate est constituée de glandes tubulo-alvéolaires entourées d’un stroma fibreux et musculaire lisse.

  • Les glandes sont tapissées par un épithélium bilayer :

    • Cellules épithéliales sécrétrices (couche interne).

    • Cellules basales (couche externe).

  • Le stroma comprend des fibres de collagène, des cellules musculaires lisses, des fibroblastes et des vaisseaux sanguins.

2. Pathologies histologiques principales de la prostate

a) Prostatite (inflammation de la prostate)

  • Prostatite aiguë :

    • Infiltration intense de polynucléaires neutrophiles dans le tissu glandulaire et stromal.

    • Œdème, destruction épithéliale focale et présence de microabcès.

    • Parfois, infiltration périvasculaire et réaction inflammatoire diffuse.

  • Prostatite chronique :

    • Infiltrat lymphocytaire et plasmocytaire prédominant dans le stroma.

    • Hyperplasie réactionnelle des cellules épithéliales.

    • Fibrose parfois présente dans le stroma.

    • La forme granulomateuse est caractérisée par des granulomes épithélioïdes.

b) Hyperplasie bénigne de la prostate (HBP)

  • Maladie fréquente chez l’homme âgé, responsable d’une augmentation du volume prostatique.

  • Histologiquement, augmentation du nombre de glandes et d’éléments stromaux.

  • Les glandes sont souvent petites, avec un épithélium bilayer intact.

  • Présence d’hyperplasie des cellules épithéliales et stromales.

  • Les glandes peuvent former des nodules bien délimités dans la zone de transition.

  • Pas d’atypies cellulaires ni d’invasion.

c) Adénocarcinome de la prostate (cancer)

  • Le cancer prostatique est le plus fréquent chez l’homme après 50 ans.

  • Histologie caractéristique :

    • Glandes tumorales atypiques, souvent petites, irrégulières, fusionnées ou absentes de la couche basale.

    • Le tissu tumoral présente une architecture variable, avec des formations glandulaires désorganisées.

    • Les cellules ont un noyau hyperchromatique, souvent nucléolé.

    • Perte des cellules basales, visible par immunomarquage (p63, CK5/6).

    • Le stroma est souvent infiltré par des cellules tumorales ou modifié par une réaction fibroblastique.

  • Le score de Gleason est utilisé pour graduer l’agressivité selon l’architecture glandulaire.

d) Prostatite granulomateuse

  • Rare, souvent liée à une infection tuberculeuse ou une réaction à un corps étranger.

  • Présence de granulomes épithélioïdes, cellules géantes et nécrose caséeuse.

  • Infiltrat lymphocytaire chronique associé.

e) Atrophie prostatique et lésions précancéreuses

  • Atrophie glandulaire : réduction du calibre des glandes, pouvant être associée à une inflammation.

  • Hyperplasie atypique : prolifération épithéliale avec atypies, considérée comme lésion précancéreuse.

  • Neoplasie intraépithéliale prostatique (PIN) : altérations architecturales et cytologiques dans les glandes, précursseur du cancer invasif.

3. Techniques histologiques et complémentaires

  • Coloration Hématoxyline-éosine (H&E) pour l’examen morphologique.

  • Immunohistochimie pour détecter les cellules basales (p63, CK5/6), l’alpha-méthylacyl-CoA racémase (AMACR) pour le cancer.

  • Microscopie électronique pour étude ultrastructurale.

  • Analyse moléculaire pour certains marqueurs tumoraux.

4. Importance clinique

  • L’histologie permet de distinguer les pathologies bénignes des formes malignes.

  • Le diagnostic précis oriente le traitement : surveillance, chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie.

  • L’identification des lésions précancéreuses permet une prise en charge préventive.

Conclusion

Les pathologies histologiques de la prostate couvrent un spectre varié allant de l’inflammation bénigne à l’adénocarcinome agressif. La maîtrise des critères morphologiques et des techniques complémentaires est indispensable pour un diagnostic précis et un traitement adapté. La prostate reste un organe-clé en pathologie urologique, où l’histologie joue un rôle central dans la prise en charge des patients.

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