L'inflammation est une réponse biologique fondamentale à une agression tissulaire. Elle peut être classée en deux types principaux : aiguë et chronique, chacune présentant des caractéristiques histologiques spécifiques. La distinction entre inflammation aiguë et chronique est essentielle en pathologie, car elle oriente le diagnostic, la compréhension de la maladie et le choix thérapeutique. Cet article détaille les différences morphologiques observées au microscope, ainsi que les mécanismes cellulaires et tissulaires associés.
1. Définition de l’inflammation aiguë et chronique
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Inflammation aiguë : réaction rapide, de courte durée, visant à éliminer l’agent pathogène et réparer le tissu. Elle débute en quelques minutes à heures.
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Inflammation chronique : processus prolongé, pouvant durer des semaines à des années, caractérisé par une réponse inflammatoire persistante, avec réparation tissulaire et remodelage.
 
2. Signes histologiques de l’inflammation aiguë
Au microscope, l’inflammation aiguë est dominée par les manifestations suivantes :
a) Œdème interstitiel
Accumulation de liquide riche en protéines dans l’espace extracellulaire.
b) Exsudat
Présence d’un liquide inflammatoire riche en fibrine et protéines plasmatiques.
c) Infiltration cellulaire polymorphonucléaire (PMN)
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Majoritairement des neutrophiles, cellules à noyau segmenté.
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Ces neutrophiles migrent rapidement vers le site de lésion pour phagocyter les agents pathogènes.
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Présence parfois de débris cellulaires et pus.
 
d) Vasodilatation et congestion
Les vaisseaux sanguins sont dilatés, avec un afflux accru de sang.
e) Activation endothéliale
Apparition de cellules endothéliales activées avec expression de molécules d’adhésion.
3. Signes histologiques de l’inflammation chronique
L’inflammation chronique présente des caractéristiques différentes :
a) Infiltration cellulaire mononucléée
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Lymphocytes T et B : impliqués dans la réponse immunitaire spécifique.
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Macrophages : phagocytent les débris, sécrètent des cytokines pro-inflammatoires.
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Plasmocytes : producteurs d’anticorps.
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Présence variable d’éosinophiles et mastocytes selon l’étiologie.
 
b) Formation de granulomes
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Structure organisée constituée de macrophages épithélioïdes, parfois fusionnés en cellules géantes multinucleées.
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Les granulomes sont caractéristiques de certaines infections (tuberculose) ou maladies inflammatoires.
 
c) Fibrose
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Prolifération de fibroblastes et dépôt de collagène, conduisant à une cicatrisation fibreuse.
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Épaississement du tissu conjonctif.
 
d) Angiogenèse
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Formation de nouveaux vaisseaux sanguins pour soutenir le tissu inflammé.
 
4. Mécanismes cellulaires sous-jacents
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Dans l’inflammation aiguë, la réponse est dominée par l’activation rapide des cellules innées (neutrophiles, macrophages).
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L’inflammation chronique implique une réponse adaptative prolongée avec activation des lymphocytes, macrophages persistants et médiateurs chimiques.
 
5. Différences fonctionnelles et évolutives
| Critère | Inflammation aiguë | Inflammation chronique | 
|---|---|---|
| Durée | Courte (heures à quelques jours) | Prolongée (semaines à années) | 
| Cellules dominantes | Neutrophiles | Lymphocytes, macrophages, plasmocytes | 
| Lésions tissulaires | Réversibles | Souvent irréversibles avec fibrose | 
| Réparation | Rapidement initiée | Fibrose et remodelage tissulaire | 
| Présence granulomes | Rare | Possible | 
6. Exemples pathologiques
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Inflammation aiguë : abcès, phlébite, bronchite aiguë.
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Inflammation chronique : tuberculose, hépatite chronique, arthrite rhumatoïde.
 
7. Techniques histologiques utilisées
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Hématoxyline-éosine (HES) pour visualiser les cellules inflammatoires.
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Colorations spéciales : coloration de Ziehl-Neelsen pour les bacilles tuberculeux.
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Immunohistochimie : pour identifier les sous-types cellulaires (CD3 pour lymphocytes T, CD20 pour lymphocytes B).
 
8. Importance clinique de la distinction
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Le traitement de l’inflammation aiguë vise à supprimer rapidement l’infection ou l’agression.
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L’inflammation chronique nécessite souvent une prise en charge immunomodulatrice, car elle peut entraîner des dégâts tissulaires durables.
 
Conclusion
L’inflammation aiguë et chronique sont deux réponses inflammatoires distinctes, facilement différenciables au microscope par leur profil cellulaire et leurs manifestations tissulaires. La reconnaissance de ces différences est cruciale pour une bonne orientation diagnostique et thérapeutique.