L’hypophyse, ou glande pituitaire, est une petite glande endocrine située à la base du cerveau, dans la selle turcique de l’os sphénoïde. Elle est considérée comme la « chef d’orchestre » du système endocrinien, jouant un rôle clé dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques via la sécrétion d’hormones. L’hypophyse est constituée de deux parties distinctes, l’adénohypophyse (hypophyse antérieure) et la neurohypophyse (hypophyse postérieure), qui diffèrent par leur origine embryologique, leur structure histologique, leurs fonctions et leur mode de sécrétion hormonale. Ce guide exhaustif explore l’architecture, les fonctions, la régulation, les techniques d’étude histologique et les pathologies liées à ces deux composantes.
2. Poids, taille et division
L’hypophyse pèse environ 0,5 g chez l’adulte et mesure environ 1 cm de diamètre. Elle est suspendue au cerveau par la tige pituitaire, reliant la glande à l’hypothalamus, dont elle reçoit des signaux essentiels. Elle est divisée en :
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Adénohypophyse (75% du volume) : glandulaire, produit et sécrète des hormones trophiques.
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Neurohypophyse (25% du volume) : tissu neural, stocke et libère des neurohormones produites par l’hypothalamus.
3. Embryologie et origine
L’adénohypophyse dérive de l’ectoderme oral (la poche de Rathke), une invagination de l’épithélium buccal, tandis que la neurohypophyse dérive du tissu neural d’origine diencephalique, extension de l’hypothalamus. Cette double origine explique les différences fondamentales d’organisation et de fonction.
4. Structure histologique de l’adénohypophyse
L’adénohypophyse est une glande endocrine véritable, formée de cellules épithéliales organisées en cordons ou en acini entourés d’un réseau capillaire sinusoïdal dense. Elle se divise classiquement en trois parties : pars distalis (majoritaire), pars tuberalis (enveloppe la tige pituitaire), et pars intermedia (mince couche entre adéno- et neurohypophyse).
4.1 Types cellulaires
Les cellules endocrines sont classées selon leurs affinités tinctoriales ou leur profil de sécrétion :
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Cellules basophiles : sécrètent FSH, LH, ACTH, TSH.
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Cellules acidophiles : sécrètent GH et prolactine.
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Cellules chromophobes : cellules peu colorables, souvent en repos ou épuisées.
Chaque type cellulaire se localise en groupes ou cordons, irrigués par des capillaires permettant un passage rapide des hormones vers la circulation.
4.2 Organisation vasculaire
Le réseau vasculaire est extrêmement développé, avec des capillaires fenêtrés permettant un échange efficace. Le système porte hypothalamo-hypophysaire véhicule des neurohormones hypothalamiques (TRH, CRH, GHRH) via des capillaires porte, régulant l’adénohypophyse.
5. Structure histologique de la neurohypophyse
La neurohypophyse est formée principalement de terminaisons nerveuses des neurones hypothalamiques (principalement supra-optique et paraventriculaire), de pituicytes (cellules gliales spécialisées) et de capillaires fenêtrés. Elle ne produit pas d’hormones mais stocke et libère deux neurohormones majeures : ocytocine (impliquée dans la contraction utérine et la lactation) et hormone antidiurétique (ADH ou vasopressine, régulant la réabsorption d’eau rénale). Histologiquement, elle apparaît moins cellulaire que l’adénohypophyse, avec un aspect fibrillaire dû aux axones et aux pituicytes.
6. Fonction hormonale et mode de sécrétion
6.1 Adénohypophyse
Sécrétion hormonale contrôlée par les neurohormones hypothalamiques via le système porte. Hormones trophiques qui agissent sur d’autres glandes endocrines : GH (croissance), TSH (thyroïde), ACTH (corticosurrénale), FSH et LH (gonades), prolactine (lactation).
6.2 Neurohypophyse
Stocke et libère l’ADH et l’ocytocine, synthétisées dans le soma des neurones hypothalamiques. La libération est déclenchée par des stimuli nerveux. Ces hormones passent directement dans la circulation grâce aux capillaires fenêtrés.
7. Techniques d’observation histologique
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Coloration Hématoxyline-Éosine (différenciation des cellules basophiles, acidophiles et chromophobes).
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Colorations spéciales (PAS pour les glycoprotéines).
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Immunohistochimie (détection spécifique des hormones).
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Microscopie électronique (granules de sécrétion).
8. Pathologies liées à l’hypophyse
8.1 Adénohypophyse
Adénomes hypophysaires (prolactinomes, somatotropinomes), hypopituitarisme (insuffisance hormonale), hyperpituitarisme (excès hormonal).
8.2 Neurohypophyse
Diabète insipide (déficit en ADH), syndrome de sécrétion inappropriée d’ADH (SIADH).
9. Comparaison fonctionnelle et histologique
Aspect | Adénohypophyse | Neurohypophyse |
---|---|---|
Origine embryologique | Ectoderme oral (poche de Rathke) | Neuroectoderme (diencephale) |
Type de tissu | Tissu glandulaire endocrine | Tissu neural (terminaisons nerveuses) |
Production hormonale | Sécrétion directe d’hormones | Stockage et libération d’hormones hypothalamiques |
Principales hormones | GH, PRL, ACTH, TSH, FSH, LH | ADH (vasopressine), ocytocine |
Organisation histologique | Cellules endocrines en cordons et acini | Axones, pituicytes, capillaires |
10. Importance clinique et diagnostique
La compréhension précise de la structure et des fonctions de l’adéno- et neurohypophyse est cruciale pour le diagnostic et le traitement des troubles endocriniens. Les analyses histologiques, associées à l’imagerie médicale, permettent d’identifier des tumeurs, des inflammations ou des dysfonctionnements hormonaux.
Conclusion
L’hypophyse est une glande complexe, composée d’une adénohypophyse glandulaire et d’une neurohypophyse neuronale, jouant chacune un rôle essentiel dans la régulation hormonale. Leur distinction histologique, embryologique et fonctionnelle est fondamentale pour comprendre la physiologie endocrinienne et les pathologies associées. La maîtrise de ces connaissances est indispensable pour les biologistes, médecins et chercheurs en sciences médicales.