La glande surrénale, également appelée glande suprarénale, est un organe endocrinien bilatéral situé au-dessus de chaque rein. Elle est essentielle à la régulation de multiples fonctions physiologiques, notamment la gestion du stress, le métabolisme, l’équilibre hydro-électrolytique et la réponse immunitaire. La glande surrénale est constituée de deux parties distinctes : le cortex surrénalien, qui produit des hormones stéroïdiennes, et la médullaire surrénalienne, responsable de la sécrétion de catécholamines. Ces deux composantes diffèrent par leur origine embryologique, leur organisation histologique, leur vascularisation, et leur fonction.
Cette revue détaillée aborde l’architecture histologique des deux zones, leurs rôles physiologiques, les méthodes d’observation et les pathologies associées.
1. Organisation générale de la glande surrénale
Chaque glande surrénale est encapsulée dans une couche conjonctive dense, appelée capsule, qui sert de barrière protectrice. En dessous, on trouve le cortex surrénalien, la partie la plus volumineuse, occupant environ 80 à 90 % de la glande. Le cortex entoure la médullaire, située en position centrale.
La vascularisation est abondante, avec un réseau complexe de capillaires fenêtrés permettant une diffusion rapide des hormones dans la circulation sanguine.
2. Histologie détaillée du cortex surrénalien
Le cortex est divisé en trois zones concentriques, visibles en microscopie optique par leur organisation et la morphologie cellulaire :
a) Zone glomérulée (zone périphérique)
-
Épaisseur : environ 10 % du cortex.
-
Organisation : cellules regroupées en petits amas ou glomérules, entourées d’un réseau dense de capillaires.
-
Morphologie : cellules polygonales, cytoplasme clair, souvent chargé en lipides.
-
Fonction : synthèse des minéralocorticoïdes, principalement l’aldostérone.
-
Rôle physiologique : contrôle de la réabsorption de sodium et de l’excrétion de potassium au niveau des reins, ce qui influe sur la pression artérielle et l’équilibre hydrique.
b) Zone fasciculée (zone intermédiaire)
-
Épaisseur : environ 70 % du cortex, la zone la plus épaisse.
-
Organisation : cellules alignées en cordons parallèles, séparés par des capillaires sinusoïdes.
-
Morphologie : cellules grandes avec cytoplasme clair, contenant de nombreuses gouttelettes lipidiques.
-
Fonction : production des glucocorticoïdes, notamment le cortisol, hormone clé dans la régulation du métabolisme des glucides, des protéines et des lipides, ainsi que dans la réponse au stress.
-
Particularité : activité métabolique élevée avec de nombreuses mitochondries visibles en microscopie électronique.
c) Zone réticulée (zone interne)
-
Épaisseur : environ 10-15 % du cortex.
-
Organisation : cellules disposées en réseaux anastomosés, plus lâches que dans la zone fasciculée.
-
Morphologie : cellules plus petites, cytoplasme souvent éosinophile, moins lipidiques.
-
Fonction : synthèse des androgènes surrénaliens, comme la déhydroépiandrostérone (DHEA) et l’androstènedione.
-
Rôle physiologique : ces hormones sont des précurseurs des hormones sexuelles et ont un effet modeste comparé aux gonades.
3. Histologie de la médullaire surrénale
La médullaire, située au centre de la glande, est formée principalement de cellules chromaffines, dérivées des cellules de la crête neurale (ectodermiques), ce qui la distingue embryologiquement du cortex (mésodermique).
-
Organisation : les cellules chromaffines sont disposées en amas ou cordons irréguliers.
-
Morphologie : cytoplasme granulaire, riche en vésicules de sécrétion contenant des catécholamines.
-
Fonction : synthèse et libération rapide d’adrénaline (épinéphrine) et de noradrénaline (norépinéphrine) en réponse à la stimulation sympathique.
-
Rôle physiologique : ces hormones agissent sur le système cardiovasculaire, augmentent la fréquence cardiaque, dilatent les bronches, mobilisent les réserves énergétiques, préparant le corps à la réaction « fight or flight ».
-
La médullaire contient aussi des cellules ganglionnaires du système nerveux autonome.
4. Capsule et tissu conjonctif interstitiel
-
La capsule est une couche dense de tissu conjonctif fibreux.
-
Des travées conjonctives pénètrent à l’intérieur de la glande, séparant les différentes zones corticosurrénaliennes.
-
Ce tissu conjonctif soutient les vaisseaux sanguins et les nerfs.
-
Le stroma est riche en fibroblastes et en fibres élastiques, conférant élasticité et résistance.
5. Vascularisation
La glande surrénale possède une vascularisation abondante, assurée par plusieurs artères surrénaliennes. Le sang circule via deux types de réseaux capillaires :
-
Système capillaire sous-capsulaire : nourrit la capsule et le cortex externe.
-
Capillaires sinusoïdes : présents dans le cortex, permettant un échange efficace.
-
Le sang est collecté au niveau de la médullaire, ce qui permet au cortex d’influencer la fonction médullaire par diffusion hormonale.
6. Techniques histologiques d’observation
-
Coloration Hématoxyline-Éosine (H&E) : permet une bonne différenciation des zones corticosurrénaliennes et identification de la médullaire.
-
Colorations lipidiques (ex. : huile rouge O) : montrent la richesse en lipides des cellules corticosurrénaliennes.
-
Microscopie électronique : révèle la richesse mitochondriale et la présence de vésicules dans les cellules chromaffines.
-
Immunohistochimie : détection des enzymes spécifiques (aldostérone synthase, tyrosine hydroxylase) et des hormones produites.
7. Fonction intégrée du cortex et de la médullaire
Le cortex et la médullaire travaillent en synergie pour permettre une réponse hormonale adaptée aux besoins de l’organisme.
-
Le cortex produit des hormones stéroïdiennes à action lente mais prolongée, régulant le métabolisme, l’équilibre hydrique et la sexualité.
-
La médullaire assure une réponse rapide au stress grâce à la sécrétion de catécholamines.
8. Pathologies de la glande surrénale
a) Pathologies corticales
-
Hyperplasie corticale : augmentation de la taille et du nombre de cellules, souvent liée à un excès d’ACTH.
-
Adénomes et carcinomes corticosurrénaliens : tumeurs bénignes ou malignes pouvant sécréter des hormones en excès (ex. syndrome de Cushing, hyperaldostéronisme).
-
Insuffisance surrénalienne : maladie d’Addison, caractérisée par une destruction du cortex et un déficit hormonal.
b) Pathologies médullaires
-
Phéochromocytome : tumeur rare des cellules chromaffines, sécrétant excessivement des catécholamines, causant hypertension et symptômes associés.
-
Néoplasies médullaires associées à des syndromes génétiques (ex. syndrome de MEN).
9. Implications cliniques et diagnostiques
-
L’étude histologique est essentielle au diagnostic des tumeurs surrénaliennes.
-
Les techniques immunohistochimiques permettent de différencier les types cellulaires et d’évaluer l’activité hormonale.
-
La compréhension de l’organisation histologique aide à interpréter les résultats d’imagerie et de biologie clinique.
Conclusion
L’architecture histologique de la glande surrénale est un exemple parfait de la relation structure-fonction. Le cortex et la médullaire, bien que distincts, collaborent pour maintenir l’homéostasie de l’organisme. L’analyse histologique détaillée de ces deux composantes est indispensable pour comprendre la physiologie surrénalienne et les nombreuses pathologies qui peuvent l’affecter.