L’endomètre est la muqueuse qui tapisse la cavité interne de l’utérus. Il joue un rôle fondamental dans la reproduction féminine en s’adaptant cycliquement sous l’influence hormonale pour permettre l’implantation de l’embryon ou, en l’absence de fécondation, pour être éliminé lors des règles. L’étude histologique de l’endomètre au cours du cycle menstruel révèle des modifications dynamiques et précises, reflet des différentes phases hormonales et fonctionnelles.
1. Structure générale de l’endomètre
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L’endomètre est constitué de deux couches principales :
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La couche fonctionnelle (fonctionnelle ou superficielle) : épaisse, elle subit des modifications cycliques et est éliminée à chaque menstruation.
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La couche basale (basale) : fine, elle reste stable et assure la régénération de la couche fonctionnelle après les règles.
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L’endomètre repose sur le myomètre, la couche musculaire utérine.
2. Phases du cycle menstruel et leurs caractéristiques histologiques
Le cycle menstruel dure en moyenne 28 jours et se divise en plusieurs phases avec des variations histologiques spécifiques.
a) Phase menstruelle (jours 1 à 5)
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Survient en cas d’absence de fécondation.
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La couche fonctionnelle est partiellement ou totalement détruite par un processus d’ischémie et de nécrose.
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Histologiquement :
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Présence de débris cellulaires, d’hémorragie et d’œdème.
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Rupture des glandes endométriales.
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Infiltration inflammatoire modérée avec présence de leucocytes, surtout des macrophages et des polynucléaires neutrophiles.
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L’endomètre apparaît fragmenté, avec zones de saignement.
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b) Phase proliférative (jours 6 à 14)
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Sous l’action des œstrogènes produits par les follicules ovariens.
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Régénération et prolifération de la couche fonctionnelle à partir de la couche basale.
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Histologie :
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Épithélium glandulaire simple prismatique, les glandes sont droites, étroites et parallèles.
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Stroma dense, composé de fibroblastes actifs et de nombreux vaisseaux sanguins droits.
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Cellules stromales peu espacées avec noyaux denses.
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Absence d’œdème interstitiel.
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L’endomètre s’épaissit progressivement.
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c) Phase sécrétoire (jours 15 à 28)
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Sous l’influence de la progestérone sécrétée par le corps jaune.
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Préparation de l’endomètre à la nidation.
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Histologiquement :
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Les glandes deviennent tortueuses, dilatées et contiennent un mucus sécrétant.
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Présence de vacuoles de glycogène dans les cellules glandulaires.
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Stroma plus lâche avec œdème et présence accrue de cellules spiralées, des fibroblastes hypertrophiés.
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Apparition des artères spiralées caractéristiques, plus tortueuses et spiralées.
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Accumulation de glycogène et lipides dans les cellules stromales.
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Modification des cellules stromales préparant à la décidualisation si implantation.
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3. Décidualisation de l’endomètre
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Processus au cours duquel les cellules stromales se transforment en cellules déciduelles, larges et riches en glycogène.
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Essentiel pour la préparation à la nidation et la survie de l’embryon.
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Se manifeste par une augmentation du volume cytoplasmique des cellules stromales et un changement morphologique visible en microscopie.
4. Techniques histologiques utilisées
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Coloration classique Hématoxyline-éosine pour la morphologie générale.
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Coloration PAS pour mettre en évidence le glycogène dans les cellules glandulaires et stromales.
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Immunohistochimie pour détecter les récepteurs hormonaux (œstrogènes, progestérone) et les marqueurs de prolifération (Ki-67).
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Microscopie électronique pour étudier les modifications ultrastructurales des cellules glandulaires et stromales.
5. Corrélation clinique
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La reconnaissance des phases histologiques de l’endomètre est essentielle pour évaluer la fertilité et le timing optimal pour l’implantation.
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Certaines pathologies comme l’endométriose, les hyperplasies ou les cancers endométriaux modifient l’architecture histologique.
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Les troubles menstruels sont souvent liés à des altérations des phases de l’endomètre.
6. Pathologies associées
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Endométriose : présence de tissu endométrial ectopique, avec un aspect histologique similaire mais situé en dehors de l’utérus.
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Hyperplasie endométriale : prolifération excessive des glandes, parfois précancéreuse.
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Carcinome endométrial : altération maligne des cellules glandulaires.
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Atrophie endométriale : réduction de l’épaisseur et de l’activité glandulaire, fréquente en ménopause.
Conclusion
L’endomètre est un tissu dynamique dont l’organisation histologique varie considérablement au cours du cycle menstruel sous l’influence hormonale. Ces modifications cycliques sont essentielles pour la reproduction féminine, en permettant la préparation à la nidation ou l’élimination en cas d’absence de fécondation. La maîtrise de l’histologie endométriale est indispensable en gynécologie et en médecine reproductive pour diagnostiquer et traiter les troubles associés.