Zoonoses parasitaires émergentes dans le monde

 Les zoonoses parasitaires émergentes constituent une menace croissante pour la santé mondiale. Ces maladies, causées par des parasites transmissibles de l’animal à l’homme, apparaissent ou réapparaissent dans de nouvelles régions ou populations. L’émergence de ces zoonoses résulte de plusieurs facteurs : changement climatique, mondialisation, modifications des écosystèmes, urbanisation, et intensification des échanges entre humains, animaux domestiques et faune sauvage. Comprendre ces dynamiques est fondamental pour anticiper les risques sanitaires, prévenir les épidémies, et renforcer les systèmes de surveillance et de réponse rapide.

1. Définition d’une zoonose parasitaire émergente

Une zoonose parasitaire émergente est une maladie causée par un parasite dont la transmission à l’homme à partir d’un animal devient plus fréquente, apparaît dans une nouvelle zone géographique, ou montre une augmentation significative du nombre de cas. Cette émergence peut concerner des parasites connus qui se propagent dans de nouveaux territoires, ou des parasites récemment identifiés.

2. Facteurs favorisant l’émergence

Déforestation et perturbation des écosystèmes : favorisent le contact entre humains et réservoirs animaux
Changement climatique : étend les aires de distribution des vecteurs comme les moustiques ou les phlébotomes
Mobilité humaine accrue : migrations, tourisme, transport de bétail et commerce international
Urbanisation désorganisée : augmentation des zones de promiscuité entre hommes, animaux et déchets
Résistance aux traitements : certains parasites développent des résistances aux antiparasitaires courants
Faible surveillance vétérinaire et médicale : retarde la détection des nouveaux foyers

3. Exemples de zoonoses parasitaires émergentes

a. Leishmaniose viscérale et cutanée

– Expansion géographique des foyers en Afrique, Asie, Méditerranée, Amérique latine
– Influence du changement climatique sur les vecteurs (phlébotomes)
– Transmission favorisée par l’urbanisation rurale, la présence de chiens errants, les conflits armés

b. Trypanosomiase africaine (maladie du sommeil)

– Recrudescence ponctuelle dans des zones post-conflit ou éloignées des soins
– Menace de réémergence en cas de relâchement de la surveillance vectorielle
– Présence de réservoirs animaux non traités dans certaines régions du bassin du Congo

c. Echinococcose alvéolaire

– Expansion en Europe centrale, Asie, Chine occidentale
– Causée par Echinococcus multilocularis, parasite des renards
– Urbanisation des zones rurales, multiplication des contacts humains/renards, chiens

d. Toxoplasmose alimentaire

– Liée à l’industrialisation de l’élevage et à la consommation croissante de viande crue ou peu cuite
– Réémergence de formes graves chez les personnes immunodéprimées
– Présence accrue du parasite dans l’environnement à cause des chats errants

e. Cryptosporidiose

– Détection fréquente dans les eaux potables de zones urbaines à forte densité
– Épidémies associées à des infrastructures d’assainissement déficientes
– Augmentation des cas chez les enfants et les immunodéprimés

f. Giardiose zoonotique

– Présente dans les zones touristiques de montagne ou de nature
– Contamination des eaux de surface par des excréments animaux (castors, chiens, bétail)
– Augmentation des cas liés aux loisirs aquatiques ou randonnées

g. Sarcocystose humaine

– Parasite émergent observé dans certaines régions tropicales
– Transmis par ingestion de viande contaminée (surtout porc et bœuf)
– Cas de myopathies parasitaires rapportés chez des voyageurs

4. Régions du monde les plus concernées

Afrique subsaharienne : forte endémicité de trypanosomiase, leishmaniose, toxoplasmose
Amérique latine : Chagas, cysticercose, leishmaniose cutanée
Asie du Sud et de l’Est : recrudescence d’échinococcose, schistosomiase zoonotique
Europe de l’Est et centrale : extension des zones à échinococcose alvéolaire
Méditerranée : réémergence de la leishmaniose dans les villes et zones périurbaines

5. Surveillance et détection des zoonoses émergentes

Réseaux de veille sanitaire : OMS, OIE, FAO, ProMED
Surveillance intégrée (One Health) : collaboration entre services de santé humaine, vétérinaire et environnementale
Cartographie épidémiologique des foyers émergents
Recherche sur les réservoirs animaux et les vecteurs pour anticiper la dissémination
Développement de tests rapides et sensibles pour les diagnostics précoces

6. Prévention et contrôle

a. Renforcement de l’hygiène alimentaire

– Cuisson complète de la viande, lavage des légumes, hygiène des mains
– Surveillance sanitaire des abattoirs, marchés et produits laitiers

b. Contrôle vétérinaire

– Déparasitage régulier des animaux domestiques
– Suivi sanitaire des élevages et des populations de chiens errants
– Surveillance des espèces sauvages sentinelles (renards, rongeurs…)

c. Lutte contre les vecteurs

– Moustiquaires imprégnées, répulsifs, pulvérisation d’insecticides
– Assainissement des zones humides et urbaines à risques
– Éducation sur les comportements protecteurs dans les zones d’endémie

d. Formation et sensibilisation

– Formation des professionnels de santé à l’identification des signes cliniques des parasitoses émergentes
– Campagnes d’information pour les voyageurs, éleveurs, agriculteurs et communautés rurales

e. Politiques globales

– Intégration des zoonoses dans les plans de santé publique et vétérinaire
– Financement de la recherche sur les parasites émergents
– Coopération internationale pour prévenir les pandémies parasitaires

Conclusion

Les zoonoses parasitaires émergentes reflètent la fragilité des équilibres entre l’homme, l’animal et l’environnement. Leur multiplication à l’échelle mondiale souligne l’importance d’une approche globale, préventive et coordonnée. L’épidémiologie de ces maladies évolue rapidement, et seule une réponse intégrée, reposant sur l’approche One Health, permettra de limiter leur impact sanitaire et économique à long terme.

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