Maladies inflammatoires intestinales : microscopie

 Les maladies inflammatoires intestinales (MII), comprenant principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH), sont des affections chroniques caractérisées par une inflammation persistante du tractus digestif. L’examen histologique et microscopique est essentiel pour le diagnostic, la différenciation des types de MII et le suivi des lésions tissulaires.

1. Rappel sur les MII

  • Maladie de Crohn : inflammation transmurale pouvant toucher tout le tube digestif, avec des lésions segmentaires.

  • Rectocolite hémorragique : inflammation limitée au côlon et au rectum, avec une atteinte superficielle de la muqueuse.

2. Techniques microscopiques utilisées

  • Microscopie optique à l’hématoxyline-éosine (HES) : coloration de référence pour observer la morphologie tissulaire.

  • Colorations spéciales (PAS, trichrome) : pour détecter mucus, fibrose et dépôts spécifiques.

  • Immunohistochimie : pour identifier les types cellulaires impliqués (lymphocytes, macrophages).

  • Microscopie électronique : pour étudier les altérations ultrastructurales, notamment au niveau des jonctions cellulaires.

3. Aspect histologique dans la maladie de Crohn

  • Inflammation transmurale : présence de cellules inflammatoires dans toutes les couches de la paroi intestinale (muqueuse, sous-muqueuse, musculeuse).

  • Granulomes non caséeux : amas de macrophages épithélioïdes, caractéristiques mais non systématiques.

  • Ulcérations profondes avec destruction de la muqueuse.

  • Épaississement de la paroi dû à l’infiltration inflammatoire et à la fibrose.

  • Altérations de la vascularisation : néoangiogenèse.

  • Présence de lymphocytes T et macrophages activés.

4. Aspect histologique dans la rectocolite hémorragique

  • Inflammation limitée à la muqueuse et sous-muqueuse.

  • Ulcerations superficielles avec érosion de l’épithélium.

  • Désorganisation des cryptes avec abscessus cryptiques (accumulation de neutrophiles dans les cryptes).

  • Épaississement de la couche basale et infiltration diffuse de lymphocytes, plasmocytes et polynucléaires neutrophiles.

  • Atrophie glandulaire en cas d’évolution chronique.

5. Réaction cellulaire inflammatoire

  • Infiltrat riche en cellules mononucléées (lymphocytes, plasmocytes) et en polynucléaires neutrophiles en phase active.

  • Augmentation des macrophages et cellules dendritiques dans la muqueuse.

  • Perturbation des jonctions serrées entre cellules épithéliales, favorisant la perméabilité.

6. Conséquences microscopiques et morphologiques

  • Fibrose et épaississement de la paroi, particulièrement dans la maladie de Crohn.

  • Formation de fistules et sténoses observées macroscopiquement, traduites histologiquement par une cicatrisation désordonnée.

  • Dysplasie et risque de transformation néoplasique, surtout en cas de RCH prolongée.

7. Importance du diagnostic histologique

  • Différencier les MII des infections, de la colite ischémique ou de la colite médicamenteuse.

  • Évaluer l’activité inflammatoire et la chronicité.

  • Dépister les complications (dysplasie, cancer).

Conclusion

L’analyse microscopique des tissus intestinaux dans les maladies inflammatoires intestinales est indispensable pour poser un diagnostic précis, comprendre l’étendue et la nature des lésions, et orienter le traitement. La distinction entre maladie de Crohn et rectocolite hémorragique repose en grande partie sur ces critères histopathologiques.

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