La leishmaniose regroupe un ensemble de maladies parasitaires causées par des protozoaires du genre Leishmania, transmises à l’homme par la piqûre de phlébotomes femelles. Elle se présente principalement sous deux formes cliniques majeures : la leishmaniose viscérale (LV), maladie systémique grave, et la leishmaniose cutanée (LC), responsable de lésions cutanées souvent chroniques. Ces affections représentent un défi de santé publique dans de nombreuses régions tropicales, subtropicales et méditerranéennes. Cet article aborde les caractéristiques parasitaires, les cycles biologiques et les manifestations cliniques des deux formes principales.
1. Agents parasitaires et cycles biologiques
1.1 Espèces responsables
-
Leishmaniose viscérale (LV) :
-
Leishmania donovani (Asie, Afrique de l’Est)
-
Leishmania infantum (Méditerranée, Amérique latine)
-
-
Leishmaniose cutanée (LC) :
-
Leishmania major, L. tropica, L. mexicana, L. braziliensis, entre autres.
-
1.2 Cycle biologique
-
Les phlébotomes femelles injectent les formes infectieuses appelées promastigotes lors de la piqûre.
-
Les promastigotes sont phagocytés par les macrophages de l’hôte et se transforment en amastigotes, forme intracellulaire.
-
Ces amastigotes se multiplient dans les cellules phagocytaires, provoquant les lésions.
-
Les phlébotomes se réinfectent en ingérant les macrophages parasités, perpétuant le cycle.
2. Leishmaniose viscérale (LV)
2.1 Pathogénie
-
Multiplication des amastigotes dans la rate, le foie, la moelle osseuse.
-
Dérèglement immunitaire et inflammation chronique.
2.2 Manifestations cliniques
-
Fièvre prolongée
-
Splénomégalie massive
-
Hépatomégalie
-
Anémie, leucopénie, thrombopénie (pancytopénie)
-
Cachexie et fatigue intense
-
Sans traitement, LV est généralement fatale.
2.3 Diagnostic parasitaire
-
Recherche d’amastigotes dans les aspirats de moelle osseuse, rate ou ganglions.
-
Sérologie et tests immunologiques (test de rk39).
-
PCR pour confirmation.
3. Leishmaniose cutanée (LC)
3.1 Pathogénie
-
Multiplication locale des amastigotes dans la peau.
-
Réponse inflammatoire et nécrose tissulaire.
3.2 Manifestations cliniques
-
Ulcérations cutanées indolores à bords surélevés.
-
Lésions multiples ou uniques.
-
Évolution chronique avec cicatrices possibles.
-
Formes diffuses ou lupoïdes dans certains cas.
3.3 Diagnostic parasitaire
-
Frottis et biopsies cutanées pour visualiser les amastigotes.
-
Culture en milieu spécialisé.
-
PCR pour identification précise.
4. Traitement
-
LV : amphotéricine B liposomale, antimoniaux pentavalents, miltéfosine.
-
LC : traitements locaux (cryothérapie, thermothérapie), ou systémiques selon la gravité.
-
Suivi rigoureux nécessaire pour prévenir rechutes.
5. Enjeux épidémiologiques
-
La leishmaniose est une maladie liée à la pauvreté, avec un fort impact social.
-
Résurgence liée à la déforestation, conflits, mobilité humaine.
-
Co-infection fréquente avec le VIH aggravant le pronostic.
Conclusion
La leishmaniose, qu’elle soit viscérale ou cutanée, repose sur un cycle parasitaire complexe impliquant l’hôte humain et les phlébotomes vecteurs. Sa prise en charge nécessite une compréhension approfondie de ses aspects parasitaires, de son diagnostic et de ses traitements. La lutte contre cette maladie passe par une approche intégrée combinant prévention vectorielle, détection précoce et prise en charge adaptée.