Le cancer épithélial, ou carcinome, est le type de cancer le plus fréquent chez l’homme. Il résulte de transformations progressives des cellules épithéliales normales en cellules tumorales malignes. L’étude histologique de ces altérations est essentielle pour comprendre la pathogenèse, poser un diagnostic précis, déterminer le pronostic et orienter les traitements. Cet article détaille les principales modifications morphologiques observées dans l’épithélium lors du développement du cancer.
1. Épithélium normal : architecture et organisation
L’épithélium normal présente une organisation structurée avec des cellules cohérentes, une polarité bien définie, des jonctions cellulaires intactes et un renouvellement régulé. Cette architecture assure une fonction barrière et protectrice efficace.
2. Dysplasie : altération précoce
La dysplasie est une lésion précancéreuse caractérisée par une prolifération anarchique de cellules épithéliales avec perte progressive de la différenciation et altération de l’architecture.
Signes histologiques de la dysplasie
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Hyperplasie avec augmentation du nombre de couches cellulaires.
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Perte de la polarité cellulaire.
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Noyaux cellulaires atypiques : hyperchromatiques, volumineux, irréguliers.
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Mitoses augmentées, parfois atypiques.
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Altération progressive des jonctions cellulaires.
La dysplasie peut être légère, modérée ou sévère selon l’importance des anomalies.
3. Carcinome in situ
Le carcinome in situ est une forme avancée de dysplasie où les cellules malignes occupent toute l’épaisseur de l’épithélium sans franchir la membrane basale.
Histologie
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Architecture épithéliale désorganisée.
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Noyaux très atypiques, mitoses nombreuses.
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Conservation de la membrane basale intacte.
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Absence d’invasion stromale.
C’est une lésion précancéreuse qui nécessite un traitement précoce.
4. Carcinome invasif
Lorsque les cellules tumorales franchissent la membrane basale et envahissent le tissu conjonctif sous-jacent, on parle de carcinome invasif.
Modifications histologiques
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Perte complète de l’architecture épithéliale normale.
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Cellules aux noyaux volumineux, pleomorphes et hyperchromatiques.
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Mitose anarchique.
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Infiltration du stroma avec réaction inflammatoire.
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Angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins).
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Parfois présence de nécrose tumorale.
5. Altérations des jonctions cellulaires
La perte des jonctions serrées, desmosomes et jonctions adhérentes est fréquente, ce qui favorise la dissociation cellulaire, la mobilité et la dissémination tumorale.
6. Anomalies cytoplasmiques
On observe souvent une augmentation du rapport nucléocytoplasmique, un cytoplasme basophile, et une accumulation de vacuoles ou de granules en fonction du type tumoral.
7. Importance du grade histologique
Le grade histologique repose sur l’évaluation de la différenciation tumorale. Plus les cellules ressemblent aux cellules normales, plus le grade est bas, et le pronostic meilleur.
8. Techniques complémentaires
L’immunohistochimie est souvent utilisée pour identifier des marqueurs tumoraux spécifiques, comme la surexpression de p53, Ki-67 (marqueur de prolifération), ou les récepteurs hormonaux.
Conclusion
Les altérations histologiques de l’épithélium dans le cancer traduisent une dérégulation progressive de la croissance, de la différenciation et de l’adhésion cellulaire. Leur analyse précise est cruciale pour le diagnostic, la classification et le traitement des carcinomes. Comprendre ces modifications aide à mieux appréhender la biologie tumorale et à développer des approches thérapeutiques ciblées.